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Dix questions à Scott Berkun, auteur de l’ouvrage « Les Mythes de l’innovation »

Question : Combien de temps cela prend t-il dans le monde réel – à l’opposé du monde rétroactif du journalisme – pour qu’une « épiphanie » arrive ?

Réponse : Une épiphanie est le sommet de l’iceberg créatif, et toutes les épiphanies sont fondées sur le travail. Si vous prenez n’importe lequel de ces moments magiques de l’histoire des découvertes, et revenez en arrière, vous trouverez des douzaines de plus petites observations, d’enquêtes, d’erreurs, et de comédies qui ont rendu l’épiphanie possible. Tous les inventeurs géniaux le savaient – et typiquement ils minimisaient les moments magiques. Mais nous aimons tous les histoires excitantes – Une pomme tombant sur Newton ou des gens avec du chocolat et du beurre de cacahuètes se bousculant dans un hall – qui sont juste une manière amusante d’y penser. Un film appelé « Regardez Einstein contempler son tableau pendant 90 minutes » ne marcherait pas aussi bien auprès du grand public.

Question : Est-ce que le progrès vers l’innovation est fait d’une ligne droite ? Par exemple, du transistor à l’ordinateur personnel ou du web à Myspace.

Réponse : La plupart des gens veulent que l’on explique comment on en est arrivé là, pas comment changer le futur. Pour servir cette fin, les histoires populaires sont racontées de manière narrative héroïque et logique : Ils firent le transistor, qui mena à la puce, qui donna la possibilité de faire des PC, et cela continue pour toujours. Bien sûr si vous demandiez à William Shockey (transistor) ou à Steve Wozniak (PC) combien leurs idées et leur succès étaient évidents, vous entendriez des histoires bien différentes à propos du chaos, du caractère incertain de leur travail et du sentiment que tout était contre eux.

Si nous croyons que les choses sont incertaines pour les innovateurs du présent, nous devons nous souvenir des choses qui étaient tout aussi incertaines pour les innovateurs du passé. C’est l’un des grands buts du livre : Utiliser d’étonnantes histoires de l’histoire de l’innovation comme des outils pour ceux qui innovent aujourd’hui.

Question : Les innovateurs sont-ils innés ou ont-ils appris à l’être ?

Réponse : Les deux. Prenez Mozart. Oui, il avait une incroyable capacité pour la composition musicale, mais il est aussi né dans un pays au centre de la musique mondiale, avait un père qui était professeur de musique, et était forcé à s’entra îner pendant des heures tous les jours avant qu’il ne commence à aller à l’école primaire. J’ai recherché dans l’histoire de beaucoup de génies et de créateurs et j’ai toujours trouvé une grande gamme de facteurs, quelques uns contrôlables, d’autres non, qui ont rendu leur Å“uvre possible.

Question : Quel est le plus gros challenge auquel un innovateur doit faire face ?

Réponse : C’est différent pour tout innovateur, mais celui que beaucoup rencontrent est la manière dont le reste du monde est ennuyé par leurs idées. Trouver du support, qu’il soit émotionnel, financier ou intellectuel, pour une grande et nouvelle idée, est très difficile et dépend de capacités qui n’ont rien à avoir avec des prouesses intellectuelles ou la capacité créative. C’est un tueur pour beaucoup génies en devenir : Ils doivent passer beaucoup plus de temps à persuader et à convaincre les autres qu’ils n’en passent à inventer, et ils n’ont pas les capacités ou l’endurance émotionnelle pour cela.

Question : Où les inventeurs et les innovateurs trouvent-ils leurs idées ?

Réponse : J’enseigne un cours de pensée créative à l’université de Washington, et la fondation est que les idées sont des combinaisons d’autres idées. Les gens qui gagnent l’étiquette de « créatifs » sont juste des gens qui trouvent plus de combinaisons d’idées, trouvent les plus intéressantes plus rapidement, et qui ont envie de les essayer. Le problème est que la plupart des écoles et des organisations nous entra înent en dehors de ces habitudes.

Question : Pourquoi les innovateurs rencontrent-ils autant de refus et de négativité ?

Réponse : C’est dans la nature humaine – Nous nous protégeons du changement. Nous aimons penser que nous sommes progressifs, mais chaque vague d’innovation a été bien plus lente que ce qui a été dit. Le télégraphe, le téléphone, le PC, et l’internet ont tous pris une dizaine d’années pour se développer d’idées en choses extraordinaires que les gens utilisaient. En tant qu’espèce, nous sommes menacés par le changement et cela prend longtemps pour convaincre les gens de changer leur comportement, ou de les séparer de leur argent.

Question : Comment savez-vous si vous avez une idée soit-disant stupide selon des « experts », mais qui rencontrera le succès, ou une idée stupide qui est réellement stupide ?

Réponse : Ne me criez pas dessus, mais la réponse est que l’on ne peut pas savoir. Pas à 100%. C’est de là que viennent tout le plaisir et toute la misère. Beaucoup d’idées stupides ont eu du succès et beaucoup d’idées formidables sont mortes dans l’Å“uf et c’est parce que le succès se base sur des facteurs hors de contrôle.

Le meilleur pari est d’être un expérimenteur, un essayeur – pour apprendre à essayer des idées de manière peu coûteuse et rapide et de sortir avec des personnes plutôt que de fantasmer dans des tours d’ivoire. L’expérience avec des personnes réelles trompe les experts d’analyses la plupart du temps. L’innovation est un entra înement – un ensemble d’habitudes – et cela inclus de faire beaucoup d’erreurs et d’avoir envie d’apprendre d’elles.

Question : Si vous étiez un capital risqueur, quelle serait votre thèse d’investissement ?

Réponse : Deux parties : aucune n’est originale, mais elles sont le fruit de l’histoire. La première est le portefeuille. La plupart des sociétés de capital-risque investissant en connaissance de risques, même les bonnes, échouent, et distribuent le risque sur une certaine échelle (par exemple : 1/3 très haut risque, 1/3 risque élevé, 1/3 risque modéré). Semblant parfois petites, les innovations peu risquées et peu valorisantes ont de gros impacts et c’est une erreur de ne faire que de gros paris.

L’autre idée, ce sont les gens : J’investirais dans les gens plutôt que dans des idées ou des business-plans – bien que ceux-ci soient importants, bien sûr. Un formidable entrepreneur qui n’abandonnera pas et maintiendra sa croissance tout en apprenant vaut de l’or. C’est un minuscule pourcentage d’entrepreneurs qui ont un succès réel dès les premières fois – 3M, Ford, Flickr ont tous étés les deuxièmes ou troisièmes tentatives. Je donnerais aussi des millions de dollars aux auteurs de livres récents sur l’innovation avec le mot « mythe » dans le titre. Le futur est réellement entre leurs mains.

Question : Quels sont les déterminants primaires de la vitesse d’adoption de l’innovation ?

Réponse : La recherche classique sur le sujet est « Diffusion de l’innovation » par Rogers, qui définit des facteurs qui s’accrochent bien aujourd’hui encore. Notre surprise est qu’ils sont tous d’ordre sociologique : Basés sur la perception des gens de la valeur et de leur crainte des risques – qui n’ont souvent pas grand chose à voir avec notre vision de combien cette technologie est étonnante. Les innovateurs les plus intelligents le savent et font attention dès le premier jour à ceux pour qui ils développent leur projet et à comment ils conçoivent leur site web ou leur produit de manière à ce qu’ils supportent leurs sentiments et leur croyance.

Question : Qu’est-ce qui est le plus important : La définition du problème ou la manière de résoudre le problème ?

Réponse : La définition du problème est définitivement sous-estimée, mais les deux sont importants. Les idées nouvelles viennent souvent de nouvelles questions et de personnes créatives dans les questions qu’elles posent. Nous nous fixons sur les solutions et la littérature populaire se concentre souvent sur les créatifs en tant que personnes qui résolvent les problèmes, mais bien souvent la créativité est dans la reformulation d’un problème de telle sorte qu’il devient facile à résoudre. Einstein et Edison étaient de notables définisseurs de problèmes : Ils définissaient le problème différemment de tout le monde et c’est ce qui les a mené au succès.

Question : Pourquoi les meilleures idées ne gagnent-elles pas ?

Réponse : Une raison est parce que les meilleures idées n’existent pas. En fonction de votre point de vue, il y a une meilleure idée différente ou un meilleur choix pour un problème particulier. Je suis certain que les gens qui ont fait les télégraphes pensaient que le téléphone était une si bonne idée, mais cela a mis un terme à leur gagne-pain. Tant d’histoires de progrès qui ont défailli le furent à cause de l’arrogance de la perception : ce qu’une personne pense être la bonne voie – souvent la plus profitable pour elle – n’est pas ce qu’un autre groupe de personnes, avec plus d’influence, pensait.

Question : L’innovation a-t-elle plus de chances de provenir des jeunes ou des plus âgés ? Ou bien est-ce que l’âge n’est tout simplement pas un facteur ?

Réponse : L’innovation est un travail difficile, risqué, et le plus âgé vous êtes, le plus de chances vous avez de réaliser que tel est le cas. Cette explication est celle qui marche le mieux. Beethoven n’a pas écrit sa neuvième symphonie avant qu’il ne soit à un stade avancé de sa vie, nous savons donc que beaucoup de créatifs le restent quelque soit leur âge. Mais leur volonté à endurer tout le stress et tous les challenges de porter une idée aux yeux du monde diminue. Ils comprennent mieux les coûts grâce à leur expérience de la vie. Les jeunes ne savent pas ce qu’ils doivent craindre, ont des besoins plus urgents de faire leurs preuves, et ont moins d’engagements – par exemple des enfants et un emprunt. Ce sont ces facteurs qui rendent plus facile le fait d’essayer des choses folles.

L’article qui précède est la traduction de l’article «Ten Questions with Scott Berkun, Author of « The Myths of Innovation »» de Guy Kawasaki. La traduction et publication sont autorisées par l’auteur: retrouvez régulièrement sur notre blog les articles de Guy Kawasaki.

Guy Kawasaki est Directeur de Garage Technology Ventures, une société de capital-risque qui investit tôt dans les sociétés. Guy est également éditorialiste pour Entrepreneur Magazine. Auparavant, Guy avait le titre d’Apple Fellow chez Apple Computer, Inc. Guy est l’auteur de huit livres, incluant L’art de se Lancer, Rules for Revolutionaries, How to Drive Your Competition Crazy, Selling the Dream, and The Macintosh Way. Guy possède un BA de l’Université de Stanford et un MBA de l’UCLA, ainsi qu’un Doctorat honorifique du Babson College.

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