Dix questions à Penelope Trunk: Carriériste sans honte – Guy Kawasaki
Dans cet article
Penelope Trunk est l’auteur de l’ouvrage Carriériste sans honte : Les nouvelles règles du succès. Elle est rédactrice professionnelle pour le Boston Globe et Yahoo Finance (USA). Ses colonnes indépendantes ont fait l’objet de plus de 200 publications. Elle a fait l’expérience d’une introduction en bourse, d’une acquisition, et d’une banqueroute. Avant cela, elle jouait professionnellement au volley-ball.
Les deux réponses que j’ai préférées dans cet entretien sont les réponses #7 et #10. Si j’avais gagné un centime à chaque fois que j’ai répondu à des questions concernant l’obtention d’un MBA ou d’un premier poste après l’obtention d’un diplôme, je possèderais aujourd’hui ma propre patinoire.
Question 1 : Combien faut-il d’argent pour être heureux ?
Réponse : Environ 30,000€. Combien vous avez d’enfants ou dans quelle ville vous habitez n’a pas d’importance – C’est transformer le problème, car le bonheur des gens et largement basé sur leur niveau d’optimisme et la qualité de leurs relations. Donc, aussi longtemps que vous avez assez d’argent pour le g îte et le couvert, votre niveau d’optimisme pousse ou dicte votre bonheur.
Question 2 : Est-il plus important d’être compétent ou sympathique ?
Réponse : Les gens préfèreraient en réalité travailler avec quelqu’un d’incompétent et sympathique plutôt qu’avec quelqu’un de compétent et antipathique. La plupart de gens acquiescent en lisant ceci. Ce sont les personnes antipathiques qui forment des arguments contraires dans leur tête.
Mais il y a plus. Au travail, si vous êtes antipathiques, les gens penseront que vous êtes moins compétents. Arrêtez de penser que vous pouvez passer outre grâce à votre QI génial, parce que vous ne le pouvez pas. Vous avez également besoin d’intelligence émotionnelle. Cette situation est si prononcée qu’il y a des classes d’éducation spécialisée remplies d’enfants qui pouvaient lire depuis l’âge de trois ans. Les capacités de socialisation sont aussi importantes que l’intelligence lorsque l’on vise le succès à long terme, même pour les génies.
Question 3 : Devrais-je poursuivre un patron qui me harcèle sexuellement ?
Réponse : Dans la plupart des cas, vous détruiriez votre carrière si vous rapportiez un cas de harcèlement sexuel. Donc, à moins que vous ne soyiez en danger physique, vous ne devriez pas rapporter le harcèlement. Les lois gouvernant le harcèlement sexuel ne protègent pas les femmes qui les rapportent. Les lois protègent les sociétés de la possibilité qu’elles soient poursuivies par les femmes qui les rapportent. Les professionnels des ressources humaines sont entra înés à protéger les sociétés, pas la femme qui rapporte un harcèlement.
Quand vous rapportez un harcèlement, il est habituel que vous perdiez votre emploi par vengeance. La vengeance est illégale, mais presque impossible à prouver devant une cour. Et, même si vous pouviez le prouver devant une cour, vous traverseriez un enfer émotionnel, avec aucun salaire, et un profil hautement dramatique, qui rendrait votre recherche d’emploi difficile. Tout cela pour une indemnisation qui ne vous permettrait probablement pas de prendre votre retraite.
C’est simplement la manière dont le système légal fonctionne. Je ne dis pas qu’elle est bonne. Mais je dis que si votre carrière est importante pour vous, vous ferez tout ce que vous pouvez pour ne pas le rapporter. La plupart des femmes ne sont pas en position de sacrifier leur carrière – et leur pouvoir d’achat – au nom d’une tentative faire tomber le harceleur. Le système légal doit s’adapter et régler ce problème.
Question 4 : Quand dois-je demander une promotion ?
Réponse : Peut-être jamais. L’augmentation moyenne des salaires est de 4%. Est-ce que cela va changer votre vie d’une manière radicale ? Au delà de ça, quelqu’un vous promeut un peu plus haut dans son échelle, mais son échelle n’est pas forcément votre meilleur cheminement. Restez donc plutôt concentré sur là où vous voulez aller plutôt que sur les cheminements que d’autres ont fixé pour vous.
Obtenir une promotion est si « siècle dernier ». Au lieu de laisser la carotte du siècle dernier dicter les récompenses liées à votre travail, identifiez quels avantages auraient véritablement un sens pour vous : Une formation, un suivi personnalisé, un temps flexible, tout ce qui pourrait représenter plus que 4% de salaire supplémentaire. Ce sont toutes les choses qui pourraient véritablement améliorer votre vie et votre carrière.
Question 5 : Est-ce qu’être un généraliste ou un spécialiste est la voie pour intégrer le comité de direction ?
Réponse : A Hollywood, la meilleure façon d’obtenir tous les rôles est de devenir un spécialiste – le mec dôle, la femme forte, le héro de l’action – qui devient célèbre pour être le meilleur dans quelque chose et ensuite utilise cette image de star pour que ça marche. La même chose est vraie dans les affaires.
Les emplois qui ne requièrent pas une spécialité sont de bas niveau. Pour progresser dans la hiérarchie, vous devez être très bon dans un domaine, et vous devez laisser les autres savoir ce que vous ne faites pas. Personne n’excelle partout. Même si votre but n’est pas d’intégrer le comité de direction, vous devriez vous spécialiser. Quand vous voulez prendre cinq mois de vacances pour une randonnée au Tibet, si vous êtes remplacé facilement, vous le serez. Si vous avez une compétence difficile à dupliquer, votre emploi sera toujours là quand vous reviendrez.
Question 6 : Que dois-je faire des trous dans mon curriculum vitae lorsque j’ai voyagé ou que je ne pouvais pas trouver d’emploi ?
Réponse : Parlez-en bien. Un trou est vraiment mauvais si vous passiez vos journées dans votre canapé à regarder des dessins animés. Mais si vous regardiez des dessins animés pour préparer votre prochaine orientation de carrière vers la programmation télévisuelle pour les enfants, alors vous apparaissez comme une personne de volontaire, qui sait ce qu’elle veut. Le même poste de télévision, le même canapé, deux histoires différentes.
Les gens ne veulent pas entendre l’histoire de toute votre vie. C’est une bonne nouvelle pour les personnes avec des « épisodes canapé ». Dans la plupart des cas, vous apprenez quelque chose durant un trou. Racontez une belle histoire sur ce que vous avez appris et où vous allez, et votre « trou » ne deviendra pas le point central. écarter des détails n’est pas mentir, mais c’est l’art de raconter de belles histoires.
Question 7 : Est-ce que l’obtention d’un MBA ou d’un autre type de diplôme supérieur serait un bon usage de mon temps et de mon argent, puisque je n’arrive pas à trouver un emploi ?
Réponse : Non. Si vous n’arrivez pas à trouver un emploi, alors vous devriez investir dans quelque chose comme une meilleure préparation, un meilleur curriculum vitae, ou un coach pour améliorer de faibles compétences de socialisation. Ce sont des choses qui empêchent les gens de trouver un emploi. Au lieu de retourner à l’école, trouvez pourquoi vous ne pouvez pas trouver de travail, parce que c’est peut-être quelque chose qu’un diplôme ne peut pas compenser.
Un diplôme supérieur vous rend généralement moins employable, pas plus employable. Par exemple, une personne diplômée en Sciences Humaines aurait plus de chances de survivre au naufrage du Titanic que de trouver un poste d’enseignant titulaire.
À moins d’intégrer une grande école de commerce au début de votre carrière, vous ne devriez pas vous arrêter de travailler pour obtenir ce diplôme. Suivez des cours du soir parce que vous ne rattraperez pas la perte de revenus avec vos connaissances supplémentaires.
Le droit est l’une des seules matières d’enseignement supérieur qui vous rendront plus employables. Malheureusement, il vous rend plus employable dans la profession où les gens sont les moins heureux. Le droit récompense le perfectionnisme, et le perfectionnisme est un facteur à risque pour la dépression. Les diplômés en droit ont peu de contrôle sur leur travail et leurs horaires, car ils sont à la disposition de leurs clients, et beaucoup travaillent constamment avec des clients qui ont des problèmes qu’ils ne peuvent pas résoudre. Ces deux traits dans un seul emploi – le manque de contrôle sur la charge de travail et la capacité compromise d’atteindre les objectifs définis – sont les plus importantes causes d’épuisement dans un emploi.
(Puis-je intervenir ici ? J’ai fait du droit pendant deux semaines avant d’abandonner quand j’étais jeune ! Guy)
Question 8 : Quelle est la longueur idéale d’un curriculum vitae, dans un monde où chaque CV est électronique et jamais vu après impression sur papier ?
Réponse : Une page. Toujours. Votre CV est un document marketing, pas un résumé de votre vie, donc chaque ligne devrait comporter une réalisation. Plus grandes sont vos réalisations, moins votre liste a besoin d’être longue. Par exemple, vous pouvez mettre « A évangélisé Macintosh et l’a transformé en l’une des marques les plus reconnues du monde », ensuite vous n’avez plus besoin d’aucune autre puce vente et marketing sur votre CV.
Si vous avez totalement perdu toute perspective, et que vous pensez avoir deux pages de résultats incroyables et pertinents, dites-vous bien que les personnes des ressources humaines passent dix secondes à évaluer un CV, et un scanner recherche dix mots clefs, qui tiennent certainement sur une seule page.
Donc, à moins que vous n’ayez une excellente connexion avec le chargé du recrutement et que vous savez qu’il regardera les deux pages, ne vous ennuyez pas à lui envoyer. Et si vous avez réellement cette connexion avec le chargé de recrutement, alors, vous aurez probablement un entretien, même si votre CV est nul.
Question 9 : Comment dois-je préparer mes entretiens ?
Réponse : Un entretien est un test pour lequel vous pouvez étudier. Donc, mémorisez les réponses pour les 50 questions les plus communes. La plupart des chargés de recrutement posent des questions standards avec éventuellement quelques variations standards, et il y a des bonnes réponses à ces questions.
Que vous soyez strip-teaseuse ou agent de la CIA, la réponse à la question « quelle est votre faiblesse ? » est une anecdote à propos de comment votre faiblesse a pu interférer dans votre travail – dans une situation spécifique – et la manière dont vous êtes allés au delà. La plupart de vos autres réponses devraient également être des anecdotes. Ceci signifie que vous devez les préparer avant que vous n’arriviez à l’entretien. Les anecdotes de votre vie sont mémorisables. Pas les listes de votre vie. Soyez mémorisables si vous voulez être recrutés.
Une autre manière de vous préparer est d’aller à la salle de sport avant d’aller à votre entretien. Ce n’est pas grave si vous n’allez jamais dans une salle de sport – bien que vous devriez, car les gens qui le font rencontrent généralement plus de succès dans leurs carrières. Vous devriez y aller juste avant votre entretien parce que les gens vous jugent d’abord sur votre apparence, et si vous soulevez des poids lourds avec les muscles de votre dos et de votre estomac, vous vous tiendrez beaucoup plus droit durant la rencontre. Ceci vous fera appara ître comme plus confiant, ce qui est déjà la moitié de la bataille lorsque l’on est jugé sur les apparences.
Question 10 : Quelle est la bonne stratégie pour la recherche d’un premier emploi à la sortie de l’université ?
Réponse : Ne placez pas trop d’importance sur votre premier emploi. Vous en aurez beaucoup d’autres. La plupart des gens ont 8 emplois avant d’avoir 30 ans et ça ne leur pose aucun problème. Il est presque impossible de savoir quelle carrière sera la bonne pour vous avant de commencer à essayer des choses. Donnez vous donc la latitude d’essayer beaucoup de choses. Et n’abandonnez pas dans la recherche d’une âme. Sur les terres d’un emploi fantastique, vous n’avez pas besoin de conna ître le sens de la vie, mais le sens du travail.
Question 11 : Est-ce que ce ne sont que les « perdants » qui vivent chez leurs parents après la fac ?
Réponse : Dans un certain sens, il serait insensé de ne pas rentrer chez ses parents, ce qui est pourquoi près de 50% des diplômés âgés le font. Rentrer chez ses parents et une étape intelligente pour trouver la carrière qui vous convient.
Les emplois proposés aux débutants ne peuvent typiquement pas couvrir le coût d’une location, du remboursement d’un emprunt étudiant, et des premières assurances – toutes celles-là augmentant plus rapidement que les salaires. Si vous n’avez pas à vous soucier de payer une location, vous avez plus de flexibilité pour attendre le bon emploi et pour prendre un emploi qui vous semble intéressant mais paie moins. L’augmentation du nombre de stages prestigieux mais non rémunérés correspond parfaitement avec cette tendance au retour chez ses parents.
Question 12 : Que dois-je faire si je travaille pour un idiot ?
Réponse : Partez. Je sais qu’il y a des exemples classiques de Bob Sutton d’idiots respectés tels que Steve Jobs, mais je me demande comment sont les gens qui ont fait avec. Ne peuvent-ils pas trouver un autre visionnaire pour lequel travailler et qui ne soit pas aussi idiot ?
Rester dans un emploi comme celui-ci vous fait appara ître comme mauvais. Les gens se demandent pourquoi vous faites avec. Et, franchement, vous devriez aussi. C’est comme d’être une femme abusée par son mari. La femme qui reste défend toujours sa relation par ce qu’elle en tire, mais pour tout le monde, il est évident qu’elle devrait partir. Le problème est une perte de perspective personnelle.
L’article qui précède est la traduction de l’article «Ten Questions With Penelope Trunk: Career Guidance for This Century» de Guy Kawasaki. La traduction et publication sont autorisées par l’auteur: retrouvez régulièrement sur notre blog les articles de Guy Kawasaki.
Guy Kawasaki est Directeur de Garage Technology Ventures, une société de capital-risque qui investit tôt dans les sociétés. Guy est également éditorialiste pour Entrepreneur Magazine. Auparavant, Guy avait le titre d’Apple Fellow chez Apple Computer, Inc. Guy est l’auteur de huit livres, incluant L’art de se Lancer, Rules for Revolutionaries, How to Drive Your Competition Crazy, Selling the Dream, and The Macintosh Way. Guy possède un BA de l’Université de Stanford et un MBA de l’UCLA, ainsi qu’un Doctorat honorifique du Babson College.