La ferme du Hitton : entre élevage et cosmétique naturelle
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La Ferme du Hitton est une aventure entrepreneuriale hors du commun ! Il y a une dizaine d’années, Cécile et Manu Guichard, alors étrangers au monde agricole, ont relevé un défi passionnant : transformer des terres agricoles en une oasis de biodiversité et de bien-être. Leur amour pour les animaux les a conduits à s’engager activement dans la préservation des ânes des Pyrénées.
En combinant élevage, innovation et ambition, ils ont créé une gamme de cosmétiques au lait d’ânesse qui enchante leurs clients par ses vertus naturelles et bienfaisantes. La Ferme du Hitton est un lieu où la nature et l’entrepreneuriat se rencontrent pour offrir des expériences uniques et authentiques. Que ce soit en explorant leurs champs de plantes aromatiques ou en partageant des moments de tendresse avec leurs ânes, La Ferme du Hitton ne manque jamais de captiver et d’inspirer ceux qui la découvrent !
Découvrez l’histoire entrepreneuriale passionnante de Cécile et Manu dans notre interview.
Comment l’idée de créer La Ferme du Hitton a-t-elle vu le jour ?
C’est particulier, parce que nous ne sommes pas des agriculteurs au départ. Généralement, les gens qui viennent s’installer à la campagne veulent d’abord monter un projet agricole. Ensuite, ils cherchent le lieu.
Pour nous, c’était plutôt l’inverse. Notre objectif initial était de trouver une ruine et 1 hectare pour avoir un âne. On a trouvé une ruine qui nous plaisait vraiment, mais elle venait également avec 45 hectares. Quand on possède autant de terres, on a ce qu’on appelle une « obligation d’exploitation ». On ne peut pas posséder des terres agricoles sans qu’il y ait une exploitation. Alors, on aurait pu mettre ces terres en fermage, c’est-à-dire qu’un autre agriculteur vienne exploiter les terres. Mais on s’est dit pourquoi pas partir sur un projet.
On a réfléchi, nous avons des terres très vallonées, nous n’avions pas la possibilité de faire des grandes cultures : ce sont des terres non-irrigables. Cependant, le terrain était propice aux cultures aromatiques car nous avons un sol argilo-calcaire. On est alors parti sur l’idée du lait d’ânesse. Cette opportunité pouvait donc combiner l’élevage d’ânes mais aussi la culture de plantes aromatiques. Finalement, c’est vraiment le lieu qui a créé le projet !
Pourquoi avoir choisi le lait des ânes des Pyrénées pour votre production de cosmétiques ?
La principale raison, c’est que l’âne des Pyrénées est en voie de disparition. C’est une race menacée. On s’est dit que ce choix aurait du sens : dans le Gers, on est dans leur berceau. Aujourd’hui, on participe activement à la préservation des ânes des Pyrénées. En 2018, nous avons même été récompensés par le prix de la Fondation du patrimoine pour l’agro-biodiversité agricole !
Comment le fait de travailler avec des êtres vivants influence-t-il votre approche en tant qu’entrepreneur ?
L’élevage des ânes et des ânesses est une composante centrale de notre démarche. Nous avons 26 ânes, en plus des ânons, qui vivent en liberté sur un grand espace de 40 hectares, en famille et en troupeau. Ce sont des animaux qui sont bien dans leur tête mais aussi bien dans leur corps. Pour nous, c’est primordial de respecter le bien-être animal. C’est à nous de nous adapter au fonctionnement de l’animal. On ne va pas forcer l’âne à faire ce qu’on veut. À la ferme, on est donc sur un modèle agricole extensif en opposition au modèle intensif où les animaux sont enfermés et où on veut de la productivité.
Par exemple, nos ânes auront un ânon deux années de suite, puis prendront une année de repos. On va également récolter 1 à 1,5 litres de lait seulement, alors que les ânesses produisent jusqu’à 20 litres en 24 heures afin de laisser tout le reste à l’ânon. Puis le sevrage se fait à un an, quand la traite est complètement terminée. Pour ce faire, on va séparer les petits des mères par une barrière dans la journée, mais ils vont se voir et se sentir.
Qu’est-ce qu’une journée type à La Ferme du Hitton ?
Nous n’avons pas vraiment de journée type, il y a beaucoup de saisonnalité dans notre activité. En ce moment, en juin, c’est la saison de la reproduction et des naissances. Donc, je vais voir le troupeau avec le mâle, voir si tout se passe bien. Ensuite, je vais voir les mamans et les bébés pour vérifier qu’il n’y a pas de problème. Aujourd’hui, j’ai eu un petit souci avec un cordon qui n’était pas très net alors il a fallu faire des petits soins. Puis, je réponds à une interview. Et tout à l’heure, je vais aller faire le ménage dans un lodge puisqu’on a aussi des hébergements. Et, je vais retourner au labo pour faire de la mise en flacon !
Qu’est-ce qu’un savon saponifié à froid ?
La saponification à froid est une technique traditionnelle de fabrication du savon. On va avoir d’un côté des matières premières végétales. Nous, on utilise l’huile d’olive, le beurre de Karité et l’huile de coco, c’est ce qu’on appelle la base huileuse. De l’autre côté, je vais faire ce qu’on appelle une lessive de soude. Je vais mélanger une partie du lait avec de la soude. Alors, évidemment, je fais préalablement fondre mes beurres. Une fois que tout est liquide, je vais mélanger l’ensemble. À ce moment-là, il va y avoir une réaction chimique. Les molécules de soude vont se rencontrer et les acides gras des huiles vont s’agglomérer pour se transformer en savon et en glycérine. C’est ce phénomène, la saponification.
Il faut environ trois semaines pour que chaque molécule de soude rencontre son acide gras correspondant. On va également ajouter 30% de notre lait d’ânesse ainsi que des arômes et de l’argile pour colorer et pour avoir des propriétés intéressantes. La saponification est dite à froid parce qu’on ne va pas cuire le savon. Par exemple, le savon de Marseille va être cuit pendant plusieurs heures avant d’être mis à sécher. Alors que nous, c’est le temps qui va achever la réaction chimique.
Comment vous vient l’idée de créer des nouveaux produits ?
On essaie de régulièrement sortir des nouveaux produits. On regarde ce que font nos concurrents pour voir s’il y a des tendances qui émergent. Mais c’est aussi par rapport à mes envies, je me dis tiens, ce serait bien de faire ce produit et je travaille dessus.
En ce moment, on est en train de travailler sur un shampoing solide et une gamme au beurre de Karité. Le beurre de Karité, c’est une matière première qui est particulièrement intéressante par ses propriétés. Depuis 5 ans, mon mari travaille avec une coopérative de femmes en Côte d’Ivoire pour avoir notre propre production de Karité en commerce équitable. Le projet avance, on a déjà installé une presse à côté d’Abidjan, notre première production de karité arrive sous peu. L’idée, c’est de faire une déclinaison de soins de Karité à la fois pour le corps, le visage et les cheveux !
Vous proposez des expériences de « glamping ». De quoi s’agit-il exactement ?
À la ferme du Hitton, nous avons une maison de vacances avec une piscine qui peut accueillir jusqu’à 10 personnes. Et on a également trois lodges pour faire du « glamping ». Ce sont des grandes tentes safari qui sont en contrebas dans une prairie avec nos animaux autour. Ainsi, les gens peuvent vraiment vivre en immersion au sein de la ferme.
Pendant leur séjour, je les emmène voir les champs de plantes aromatiques. Je leur explique notre travail à la saponification. On peut également voir le laboratoire… Et puis, bien sûr, on rentre dans le parc des ânesses pour les caresser, les papouiller et faire le plein de câlins. Nos animaux sont habitués à voir du monde. Ils viennent chercher des gratouilles et nos ânesses sont très preneuses de câlins !
L’idée de se diversifier est importante parce que ça permet de ne pas mettre tous les œufs dans le même panier. C’est pour ça aussi qu’on a choisi de commercialiser nous-même. On a vraiment privilégié le circuit court.
Quels avantages tirez-vous de partager la vie de vos ânes et de votre ferme sur les réseaux sociaux ?
C’est à double tranchant. Quand je fais une publication sur les animaux, j’ai toujours beaucoup de vues et de likes, mais ce n’est pas forcément des consommateurs de produits. Les réseaux sociaux, peut-être que ça permet d’avoir des nouveaux clients, mais en réalité, il faudrait que je fasse plus de publications sur les produits ou différencier les canaux de communication. Pour autant, nos réseaux sociaux permettent de créer un lien particulier avec nos abonnés. Quand nous faisons des visites guidées à la ferme, il y a toujours des gens qui nous demandent des nouvelles de tel ou tel ânon qui est né quelques semaines avant. Et ça, c’est vraiment chouette !
Pourquoi avez-vous choisi incwo pour gérer votre entreprise au quotidien ?
Ça fait longtemps que nous travaillons avec incwo. On a plusieurs comptes puisqu’on a plusieurs entités. On a choisi incwo car c’est un ERP qui est complet à un prix attractif. Ce sont ces caractéristiques qui ont défini notre choix. On l’utilise notamment pour la gestion des achats, des stocks et la facturation.