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Interview de Jeremy Fain, de Verteego

Le lancement des interfaces de programmation (API) d’entreprise-facile est maintenant imminent, aussi nous souhaitions faire un focus sur la première application connectée à entreprise-facile via ses APIs : Verteego, créée par Jeremy Fain.
Bonjour Jérémy, pourrais-tu présenter en quelques mots ton parcours et les raisons qui t’ont mené vers l’entreprenariat ?
En quelques mots ? Jeremy Fain, cofondateur et directeur de Verteego, une société éditrice de logiciels de développement durable née en décembre 2007. Mon parcours? Ecole HEC, complétée d’un mastère en informatique et télécommunications à Centrale Paris; beaucoup d’international et de stages, dans l’audit, le marketing du logiciel, et les startups. Puis la création d’entreprise: c’est quasi-génétique car personne dans ma famille n’a jamais été sur une feuille de paye. Maintenant, monter une boite n’est pas une fin en soi, c’est même un acte mineur à côté des années que l’on va passer à la développer avec ses associés, ses équipes, ses clients, et ses partenaires.
Quelles sont tes activités actuellement ? 
Je suis dédié à 200% à Verteego: gestion administrative et financière, motivation et coaching de l’équipe marketing et commerciale, développement de nouveaux marchés en France et à l’International, réflexions stratégiques et produits, …
Tout ce que j’entreprends est forcément en orbite de la comptabilité carbone, et plus largement du développement durable – et donc sert les intérêts de Verteego. Alors oui effectivement, j’anime aussi une émission sur decideurs.tv consacrée au Green, mais ça sert directement des intérêts business: celle de me rendre, et donc de rendre ma société, visible auprès d’un certain écosystème friand de médias, de web, et de responsabilité environnementale et sociale.
Quel est le métier de Verteego ? Que sera Verteego dans 5 ans selon toi ?
Le métier de Verteego est d’offrir aux entreprises et collectivités des outils de mesure de leur performance développement durable. Par exemple, Verteego Carbon est un logiciel de comptabilité carbone destiné aux entreprises qui souhaitent certes mesurer mais aussi suivre dans le temps l’impact CO2 de leurs activités. Nous croyons dûr comme fer que de la même façon que depuis des décennies, les entreprises émettent un rapport financier incluant un bilan comptable, ces dernières devront très vite y adjoindre un rapport carbone faisant état de leur bilan environnemental.
Quel est le « pitch » de Verteego pour un indépendant ou une TPE ?
La responsabilité sociétale ne concerne pas que les grands groupes, et les entrepreneurs le savent bien: ils font très souvent bien plus pour la Planète et le bien-être de leurs salariés que de grosses sociétés qui ont elles les moyens de communiquer.
Chez Verteego, on s’est donné une mission: celle de démocratiser des outils simples et efficaces de développement durable. Les entrepreneurs peuvent, sur verteego.com, créer gratuitement leur rapport de développement durable (5 thèmes au choix gratuitement; EUR 29,99/mois pour les 58 thèmes).
L’idée est que les indépendants et les TPE puissent montrer à leurs clients (souvent des sociétés plus grosses qui elles n’auront pas forcément mis en place une telle démarche!) et consommateurs qu’ils n’ont pas attendu la réglementation pour mesurer et réduire leur impact environnemental.
Quelle était l’idée de départ, a-t-elle évolué dans le temps ?
L’idée a énormément évolué dans le temps effectivement. Au départ, nous voulions réaliser un « Environmental Profiling Software » pour les sociétés industrielles. Puis on s’est élargi au Développement Durable de manière générale, car la Planète, on cherche bien à la mettre au service de l’Homme pour l’éternité, non? Enfin, on a voulu proposer des logiciels aux PME-PMI car on s’est rendu compte de leur déficit de compétitivité en matière de développement durable vis-à-vis des grands groupes, notamment dans les dossiers de réponses aux appels d’offres.
Puis la crise est arrivée, et l’on a réalisé que la moitié des appels entrants émanaient de grands comptes et de collectivités. On a donc repris la planche à dessin et conçu de nouvelles applications destinées quant à elles exclusivement à ces mêmes grands comptes et collectivités, tout en conservant notre offre PME-PMI. Aujourd’hui, nous disposons d’une plateforme logicielle complète permettant aux organisations de gérer l’ensemble de leur responsabilité sociétale: depuis les émissions de gaz à effets de serre jusqu’aux achats durables (la sélection des fournisseurs entre autres sur des critères sociaux et environnementaux) en passant par des indicateurs de développement durable conformes aux standards internationaux notamment de la Global Reporting Initiative – dont Verteego est partenaire. Enfin, on a également développé une activité de bureau d’études en environnement, pour accompagner les clients dans la réalisation de l’éco-étiquetage de leurs produits: par exemple, vous saurez bientôt que votre kilo de pommes, qui vous coûte 2,31 EUR, pèse également X grammes de CO2 à la Planète.
Comment gérer les évolutions de son idée initiale ? (Du point de vue personnel, de l’équipe, etc.)
Du point de vue personnel, il faut avoir le courage de changer rapidement de cap et être en éveil permanent sur les déviations par rapport à la route initiale, pour filer un peu la métaphore du cap du navigateur.
Du point de vue de l’équipe, ça n’a pas posé beaucoup de problème car tout le monde souhaite que la société marche, et marche bien. Donc quand c’est la meilleure chose à faire, l’équipe se met rapidement en ordre de marche pour proposer de nouveaux produits, le faire savoir, tout en conservant le même niveau d’exigence en matière d’innovation et de qualité.
Est-ce que chaque action de la journée est orientée vers la rentabilité ou bien une partie de tes équipes travaille sur des sujets moins orientés rentabilité immédiate ?
J’aurais tendance à dire qu’on a une stratégie qui représente notre vision de long terme. Au quotidien, nous sommes tous un peu la tête dans le guidon, pressurisés par les contraintes de livraison aux clients, la maintenance, le développement de nouvelles fonctionnalités, les réponses aux demandes.
Donc effectivement, disons que 90% de nos forces sont consacrées à des projets de court terme (horizon 3 mois) quand bien même dans tout ce que nous faisons nous nous appliquons à nous-mêmes ce que nous préconisons, à savoir de travailler coûte que coûte dans le respect de nos valeurs environnementales et sociales.
Tout le monde se demande comment trouver des clients : comment trouves-tu les tiens ? Comment les conserves-tu ?
Nous trouvons environ un tiers de nos clients par réseau, en faisant des rencontres; un autre tiers sur Internet, en faisant de la pub sur Google ou via nos blogs; et enfin un dernier tiers qui nous est recommandé par nos clients existants. Nous les conservons en disant ce qu’on fait, et en faisant ce qu’on dit. Et aussi en établissant une véritable relation avec eux: nos clients savent qu’avec Verteego, ils auront toujours un interlocuteur expert pour leur répondre. Et ça, ça n’a pas de prix.
Est-ce qu’il est nécessaire selon toi pour entreprendre avec succès de se transformer en « comptable » et de suivre son argent de très près ?
La trésorerie, c’est le nerf de la guerre. Un euro pas dépensé vaut autant qu’un euro gagné. Donc oui, les entrepreneurs à succès sont nécessairement très pragmatiques, ce qui ne veut pas dire pingres: certaines dépenses sont à voir comme des investissements, des systèmes de management environnemental par exemple 🙂
Que referais-tu différemment ? 
Plein, plein de choses. Mais en voici 3 qui me viennent facilement à l’esprit:
  • J’aurais travaillé quelques mois de plus, tout en sachant sciemment que je partais monter ma boite, dans l’entreprise où j’étais pour bénéficier des ASSEDIC;
  • Je démarrerais avec un premier client plutôt qu’avec plein d’idées que je pensais géniales tout seul (car c’est le marché qui décide, in fine);
  • Je serais peut-être moins transparent sur les ambitions de la société; car en communiquant notre succès, on a suscité des vocations. Je pratiquerais donc une politique de confidentialité plus drastique et sélective.
Tu es un Gérant Vert : est-ce que tout le monde peut l’être ? Penses-tu que les questions écologiques représentent une opportunité universelle de faire évoluer son métier de manière positive ?
La question n’est à mon sens pas de savoir si l’on peut l’être. Penser à l’écologie au quotidien est un devoir moral. Antoine de Saint-Exupéry a un jour écrit « nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants ». L’entreprise est, comme le citoyen ou l’Etat, un acteur économique et social qui doit prendre ses responsabilités. Maintenant, on a la chance de découvrir qu’on peut aligner complètement son souci environnemental avec ses intérêts économiques donc les premiers à s’engouffrer dans la brèche disposeront d’un véritable boulevard de croissance devant eux.
Mettre le développement durable au coeur de ses valeurs d’entreprise, ça facilite le cost killing, ça ouvre de nouveaux marchés, ça motive les salariés, ça satisfait les clients, ça rassure les partenaires, et ça prépare à l’économie de demain où les matières premières énergétiques coûteront des montants faramineux en raison de leur rareté. L’écologie, c’est un pari gagnant à tous les coups. Maintenant, il faut discerner le bon grain de l’ivraie car beaucoup y voient principalement, à tort, une opportunité de communiquer pour surfer sur la vague. Heureusement que personne n’est dupe!
Peux-tu nous donner trois conseils au format Twitter (moins de 160 caractères) à une personne située en province, sans contact dans l’entreprenariat, qui souhaite ouvrir un commerce
  • Que cette personne ne fasse aucun complexe d’infériorité: on n’apprend pas à faire du commerce en école de commerce! La véritable école est celle de la vie des affaires et du commerce. Il para ît d’ailleurs que ce sont des années de chien et qu’un an d’expérience dans la création d’entreprise en vaut 7 à travailler pour d’autres…
  • Que cette personne soit très patiente: quant je regarde notre business plan initial, je réalise qu’on met grosso modo 3 fois plus de temps que prévu à réaliser nos objectifs. Il ne faut pas s’attendre à sortir la tête de l’eau avant 3 années au moins.
  • Qu’il n’y a pas besoin d’être à Paris ou d’avoir des « contacts dans l’entrepreneuriat » pour faire preuve de culot pour trouver ses premiers clients, et de force de persuasion et d’esprit de discernement pour trouver ses futurs associés. L’équipe, c’est clé !
Au fait, Twitter, c’est 140 caractères 😉

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